MGMT, Grizzly Bear, TV on the Radio, Vampire Weekend... Au cours des années 2000, ces groupes, qui ont connu le succès sur la scène rock internationale, provenaient tous de Brooklyn et de son quartier branché Williamsburg, en banlieue de New York.
Le quartier Williamsburg, fort de ses nombreux musées et salles de spectacle qui ont permis l'éclosion d'une scène artistique liée aux hipsters, n'est plus ce qu'il était.
Fuyant le coût de la vie exorbitant de Manhattan, de nombreux artistes avaient choisi d'aller vivre à Brooklyn. De nombreux lieux de diffusion de la culture y avaient également pris pied.
Ce foisonnement culturel est désormais menacé par la hausse de la propriété immobilière. L'an dernier, cinq salles de concert de Brooklyn ont cessé leurs opérations ou ont exprimé le souhait de déménager.
À l'époque, le succès de Vampire Weekend et de TV on the Radio avait attiré une plus jeune cohorte d'artistes, dont le groupe Widowspeak en 2008. La chanteuse et guitariste de ce groupe de Seattle, Molly Hamilton, se rappelle qu'à son arrivée à Brooklyn, tout était possible.
Le deuxième album du groupe n'a pas été enregistré à Brooklyn, mais plutôt dans un État au nord de celui de New York. Le loyer moyen se chiffrant à 3000 dollars, les membres de Widowspeak ne pouvaient plus vivre dans le quartier qui leur a permis d'éclore artistiquement.
Bref, Molly Hamilton conseille aux jeunes de ne pas venir s'installer à Brooklyn, puisque les loyers y sont trop chers.
Même David Byrne, l'ex-chanteur du groupe rock new-yorkais Talking Heads a exprimé en 2013 son inquiétude à l'égard de la disparition de la scène artistique foisonnante de Brooklyn.
Installer ses quartiers ailleurs
Ouvert en 1995, le Galapagos Art Space de Brooklyn a annoncé en décembre dernier qu'il déménageait à Détroit.
« Pour prospérer, un écosystème créatif qui fonctionne bien a besoin de trois composantes en abondance : du temps, de l'espace et des personnes. On peut dire que New York a des gens, mais ils n'ont plus de temps ni d'espace. Détroit a du temps et de l'espace, et est en train d'obtenir à un rythme étonnant sa troisième composante : des artistes. » — Robert Elmes, directeur du Galapagos Art Space
Des départs, des arrivées
Pourtant, certains continuent de croire en la force créatrice de Brooklyn. Le groupe Vice Media, fondé à Montréal en 1994, mais qui s'est surtout développé à New York, ouvrira un nouveau siège à Williamsburg.
Après avoir fait ses premières armes en tant que magazine politico-culturel, Vice Media s'est transformé en une entreprise médiatique mondiale grâce à ses contenus vidéo sur YouTube et à une série sur la chaîne HBO.
Cependant, selon un de ses porte-parole, le groupe veut continuer de « soutenir les groupes indépendants, les artistes et les gens créatifs ».
Montréal n'y échappe pas
Selon l'Annuaire statistique de l'agglomération de Montréal publié par la Ville de Montréal,le Plateau-Mont-Royal comprend la plus grande concentration de personnes qui travaillent dans le milieu des arts, de la culture, des sports et des loisirs (9015 personnes). Cela représente environ un résident sur sept.
Situé dans cet arrondissement, le quartier Mile-End a notamment fait parler de lui sur la scène rock internationale, grâce à des groupes comme Arcade Fire, Grimes et Bran Van 3000.
Tout comme à Brooklyn, le Plateau-Mont-Royal a vu nombre d'artistes s'exiler vers d'autres arrondissements, notamment Rosemont-La Petite-Patrie et Hochelaga-Maisonneuve, au cours des dernières années en raison du coût du logement.
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